Un terme aux Troubles de la Restriction Alimentaire

Note préliminaire: ce site est en construction, son contenu est complété au fur et à mesure de nos possibilités.

Les Restrictions

Résumé succinct

  • ce sont les régimes qui font grossir, pas les compulsions ;
  • les régimes causent une grande quantité de problèmes : dépression, peur sociales, dégoût de soi, obsessions, dysmorphophobie ;
  • les régimes génèrent un cycle de dépendance comportementale à la restriction alimentaire et aux compulsions ;
  • le poids est régulé par des mécanismes bien plus puissants que notre propre volonté ;
  • toutes les modifications alimentaires pour contrôler son poids sont similaires à des régimes ;
  • personne ne peut vous dire ce que vous devez mangez, quand et combien. Vous-même ne pouvez le savoir que quand vous avez fini de manger ;
  • vous ne pouvez pas trop manger ; l’écoeurement vous arrêtera
  • tant que vous vous pèserez, vous aurez des Troubles de la Restrition.
  • la faim, les compulsions et la prise de poids sont des réactions saines aux restrictions. Elles permettent au corps de se protéger des famines.

Introduction

Il n’y a pas de différence fondamentale entre :

  • manger sainement ;
  • faire attention à ce que l’on mange ;
  • un régime ;
  • la rééducation alimentaire ;
  • l’hyperphagie ;
  • l’anorexie ;
  • la boulimie.

Ce sont des restrictions alimentaires dans le but de perdre du poids. Ces comportements sont tous pathologiques. « Manger sainement », par exemple, est un euphémisme pour n’avouer ni sa peur de grossir, ni sa honte d’être soi-même au régime.

Continuum des restrictions

Il y a une parfaite continuité entre « manger sainement » et l’anorexie ou la boulimie. Le chemin qui va du premier aux derniers se parcourt sans même s’en rendre compte : on commence par vouloir manger plus de fruits et légumes, dans le même temps on mange moins gras, moins sucré, moins tout court, et avant même que l’on se rende compte de quoi que ce soit, c’est un régime strict qui est en cours, jusqu’aux premières compulsions. Il n’y a ensuite plus qu’à recommencer en se jurant d’aller jusqu’au bout, cette fois-ci.

Une fois entamé ce cycle sans fin, on regarde avec une étrange nostalgie l’époque où l’on mangeait sans se soucier de quoi que ce soit : sans la peur de prendre du poids, la sanction de la balance, le regard des autres sur nous et sur notre assiette.

Troubles de la Restriction Alimentaire

Ce site traite des Troubles de la Restriction Alimentaire. Seules l’anorexie et la boulimie sont considérées comme des Troubles du Comportement Alimentaire (TCA). Ici, manger sainement, faire attention à ce qu’on mange et un régime amaigrissant sont placés dans le même sac que l’anorexie ou la boulimie.

Tous se placent sur le même continuum, l’anorexie et les TCA ne sont simplement que des formes plus sévères des troubles de la restriction. Il n’y a aucune limite claire entre ces comportements

Définition de la Restriction Alimentaire

Une restriction alimentaire est le fait de :

  • réduire ou contrôler son alimentation
  • dans le but de perdre du poids ou stabiliser son poids

Un contrôle de l’alimentation (« c’est pas un régime, c’est juste manger mieux », ou chrononutrition, Atkins, etc.) mène systématiquement à des restrictions alimentaires.

Restriction alimentaire a un sens réducteur dans le contexte abordé ici : une allergie ou un diabète causent des restrictions alimentaires(évitement d’aliments) mais n’ont pas pour but de contrôler le poids et ne sont pas concernées par les troubles ici évoqués.

Notons quand même que les épidémies soudaines et opportunes d’intolérance au gluten ou d’allergie alimentaire ne sont bien souvent qu’un alibi pour justifier un régime amaigrissant, ce qui est par ailleurs peu respectueux pour les personnes qui ont de réels problèmes d’allergies alimentaires.

Définition des Troubles de la Restriction Alimentaire

Un Trouble de la Restriction Alimentaire recouvre l’ensemble des symptômes et pathologies d’une personne s’astreignant à une Restriction Alimentaire.

Ces symptômes et pathologies sont, en fait, des réactions parfaitement normales aux restrictions. Elles sont aussi naturelle que le cri et la douleur d’une personne qui vient de se taper sur le doigt avec un marteau. Cependant, ces réactions sont persistantes et causent une forte souffrance. Certaines sont pourtant salutaires (compulsion, prise de poids).

Si vous retenez votre respiration pendant deux minutes, vous serez hors d’haleine en reprenant votre souffle. Si vous ne buvez pas pendant une journée, vous viderez une bouteille d’eau en quelques minutes le lendemain matin. Si vous ne mangez pas pendant une journée, vous dévorerez votre premier repas le lendemain matin. Ce n’est pas une faiblesse ou une anormalité mais une réaction saine et salutaire.

Panorama morbide des Troubles de la Restriction

  • physiologiques :
    • fatigue / épuisement ;
    • ralentissement du transit ;
    • constipation ;
    • faim permanente ;
  • physiques :
    • amaigrissement ridant la peau ;
    • prise de poids lente et durable ;
    • visage creusé ;
    • regard sinistre ;
  • psychiques :
    • obsession pour son poids ;
    • obsession pour le contrôle du poids et de l’apparence physique ;
    • impression d’être en permanence observé et jugé sur son poids ;
    • estime de soi inversement proportionnelle à son poids ;
    • variation du moral :
      • élevé en période de restriction,
      • bas en période de compulsion ;
    • obsession pour la composition diététique des aliments : lipides, glucides, protéines, fibre, eau ;
    • sentiment d’impuissance et d’anormalité face aux compulsions ;
    • épuisement psychique dû aux obsessions et rituels permanents ;
    • dépression ;
    • symptômes bipolaires ;
    • dégoût de soi après une compulsion ;
    • dysmorphophobie : vous vous trouvez toujours plus gros que vous ne l’êtes
  • moraux :
    • moralisation de l’alimentation et du poids :
      • manger peu et être maigre est bien,
      • manger beaucoup et être gros est mal ;
    • valeur rédemptrice et purificatrice de la restriction ;
    • honte d’avoir faim et de manger
  • comportementaux :
    • pesées multiples et quotidiennes ;
    • rituels de pesée :
      • passage préalable aux toilettes,
      • répétition de la pesée,
      • pesée intermédiaire avec un objet pour vérifier si la balance nous trompe,
      • pesée avant et après le repas, etc. ;
    • martingales d’alimentation :
      • se servir peu,
      • manger dans une petite assiette
      • en laisser dans son assiette,
      • boire beaucoup d’eau avant ou pendant le repas,
      • cacher les aliments dangereux pour ne pas être tenté,
      • se forcer à quitter le repas en ayant faim, etc. ;
    • compulsions, crises de boulimie ;
    • comportements compensatoires ou expiatoires:
      • vomissements,
      • laxatifs,
      • restrictions de rattrapage,
      • jeûnes,
      • repas « sautés »,
      • séances de sport intensives;
    • se cacher pour manger ;
    • pratique de sport individuel en lieux publics (par ex. marathon, triathlon), avec objectifs et mesures de performance (chronomètrage, fitbit, affichage des performances sur un site web).

Chaque personne présente la majeure partie de ces symptômes, mais dans des proportions différentes.

Dépendance comportementale des TR

Les TR s’organisent principalement autour de trois comportements :

  • les restrictions qui génèrent un état d’exaltation et de grande forme physique
  • les compulsions qui génèrent un état de calme et de bien-être rassurant
  • les comportements compensatoires ou punitifs

La restriction réduit dans un premier temps l’étape de digestion, qui est fatigante et absorbe une partie de notre énergie. Elle est immédiatement suivie d’une grande forme physique et intellectuelle.

Quand la faim redevient trop forte, l’exaltation devient nervosité. La compulsion cause alors cet oubli de soi dans la nourriture, la digestion nous jette dans un état de repos physique et et bien-être qui apaise ces tensions nerveuses.

Le dégoût de soi et la peur de prendre du poids peuvent alors causer la série de comportements compensatoires et punitifs évoqués plus haut (vomissements, séances de sport intensif…)

Suivant le stade du trouble de la restrictions (régimes récurrents, anorexie, boulimie), les restrictions, les compulsions et les comportements compensatoires sont plus ou moins marqués.

Le point commun reste la dépendance que créent les restrictions par l’exaltation et les compulsions, par le bien-être et le soulagement. C’est le ciment qui les rend chroniques.

Modèle commun du poids

Dans la conception commune:

  • le poids évolue d’après les entrées et les sorties
  • les entrées se mesurent en calories ingérées par l’alimentation
  • les sorties se mesurent par les dépenses énergétiques métaboliques
  • peu importe la forme sous laquelle se présentent les calories, du point de vue du poids, 100 calories de lipides sont strictement équivalentes à 100 calories de glucides et à 100 calories de protides
  • si les dépenses énergétiques sont supérieures aux apports, vous maigrissez
  • si les dépenses énergétiques sont inférieures, vou grossissez
  • La volonté permet de réduire les apports et augmenter les dépenses, tout comme elle permet de tourner un bouton pour baisser le volume d’une radio

Ce modèle est similaire à une voiture dont le réservoir serait élastique :

  • le métabolisme, c’est le moteur qui consomme le carburant pour faire avancer la voiture
  • le cerveau qui fait appliquer les décisions de la volonté, c’est le conducteur
    • pour manger plus ou moins, il rajoute plus ou moins de carburant
    • pour dépenser plus, il accélère ou roule plus longtemps
  • le ventre qui grossit ou maigrit, c’est le réservoir élastique ; plus on le remplit, plus il pèse et occupe du volume

Dans ce modèle :

  • la couch potato est une voiture qu’on remplit en y ajoutant toujours plus qu’elle ne consomme. Son moteur est toujours au ralenti ;
  • le sportif est celui qui roule vite, longtemps, et fait attention à ne surtout pas trop remplir son réservoir ;
  • la personne au régime en mets le moins possible à chaque plein.

Comment mettre fin aux Troubles de la Restriction

La solution consiste à s’attaquer à deux des trois piliers de ces troubles :

  • se débarrasser de la balance et ne plus se peser
  • manger :
    • ce dont vous avez envie
    • quand vous en avez envie
    • autant que vous en avez envie
    • dans le doute, mangez

Si votre médecin vous demande de vous pesez, dites-lui que vous ne le souhaitez pas. S’il insiste, donnez-lui une estimation approximative.

Manger sans restriction est extrêmement dur quand on est en restriction. Il ne faut pas sous-estimer la difficulté des problèmes :

  • la peur de prendre du poids indéfiniment ;
    • vous allez probablement grossir au début,
    • ensuite, la prise de poids s’arrêtera définitvement ;
  • la dépendance aux régimes
    • vous devrez lutte contre une dépendance à un comportement alimentaire, vous n’aurez plus l’euphorie de la restriction et du contrôle de soi;
  • les interrogations envahissantes : est-ce que j’ai envie, ou est-ce que j’ai faim ? Est-ce une faim psychologique, émotionnelle, compensatoire, psychique, physique, physiologique, pathologique, cérébrale, etc ?
    • si vous vous posez de telles questions, mangez. Dans le doute, mangez ;
  • l’anxiété très forte : la peur de grossir indéfiniment, d’être anormal de manger autant ;
  • les remarques de l’entourage : tu vas grossir, tu manges trop, etc. ;
  • le revirement personnel et sociétal que cela représente
    • vous devrez faire preuve de caractère;
  • la dysmorphophobie va flamber et peut prendre plusieurs mois à s’atténuer.

Une difficulté supplémentaire est que le contrôle du poids est généralement un dérivatif face à d’autres problèmes : rupture amoureuse, relations avec l’entourage, sentiment d’échec personnel… On commence généralement un régime car un aspect de notre vie échappe à notre contrôle, et le contrôle du poids est un moyen selon se reprendre en main. Nous tentons de contrôler notre corps avant de passer à la seconde étape : contrôler notre environnement.

Les Troubles de la Restriction ont un rôle de fuite face à nos problèmes personnels. On se jette dans l’univers des régimes avec ses codes, ses références, ses principes. L’univers des régimes est quelque chose qui semble rationnel, clairement défini, simple à comprendre et que l’on semble maîtriser complètement. C’est le contraire de notre environnement réel.

Sortir des Troubles de la Restrictions nous ramène à notre vie d’avant avec son lot de problèmes en déshérence qu’il va falloir affronter.

Le goût de vivre est quand même à ce prix.